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Disparition/
Il y a dix ans
Michel Berger : sa vie pour la musique
SON COEUR s'est arrêté en plein soleil, à Ramatuelle (Var),
sur un cours de tennis. Le 2 août 1992, il y a tout juste
dix ans, Michel Berger disparaissait. Il avait 44 ans. Aujourd'hui,
une chanson le résume peut-être à elle seule : « Tout pour
la musique », écrite pour France Gall en 1981, symbole d'une
vie dédiée à l'écriture. Il suffit de se replonger dans sa
discographie, enrichie ces jours-ci par une nouvelle double
compilation et un coffret de trois CD, pour voir combien Michel
Berger parlait de la musique, omniprésente dans ses textes
: « la Groupie du pianiste », « Chanter pour ceux qui sont
loin de chez eux », « Mon fils rira du rock'n'roll » ou même
« la Fille au sax », un inédit de 1981, redécouvert aujourd'hui.
La culture classique au service de l'écriture pop
Dès son plus jeune âge, Michel Berger baigne dans l'univers
des partitions, notamment à travers sa mère, Annette Haas, pianiste.
A 5 ans, il apprend à jouer de cet instrument derrière lequel
il s'abritera, en concert comme dans d'innombrables émissions
télévisées, toujours porté par un air d'éternel adolescent,
avec ses cheveux bouclés et un sourire timide aux lèvres. Etudiant
en philosophie, il rédige même une thèse sur l'esthétique de
la pop-music. C'est donc tout naturellement qu'il commence à
composer et sort un premier 45-tours, « Amour et soda ». Il
n'a pas encore 16 ans. C'est encore grâce à la musique qu'il
rencontre son premier grand amour, Véronique Sanson. Comme lui,
elle est pianiste. Le coup de foudre est réciproque et leur
collaboration sera fructueuse. En 1972, alors qu'il est le tout
jeune directeur artistique d'une maison de disques, Michel Berger
produit le premier album de la chanteuse, « Amoureuse », où
fusionnent leurs complicités personnelle et professionnelle.
On découvre alors deux musiciens hors normes qui mettent leur
culture classique au service d'une écriture pop. Ce sera jusqu'au
bout le style Berger, cette façon de mêler la fluidité de ses
mélodies au piano avec des compositions héritées de la musique
noire et du rock anglo-saxon. L'idylle tourne court. Véronique
Sanson le quitte soudainement pour le musicien américain Stephen
Stills. Tout naturellement, Michel Berger se réfugie… dans la
musique : il confie sa détresse au long de son deuxième album
où figure « Seras-tu là » , puis écrit pour Françoise
Hardy et, bien sûr, pour France Gall. Quand celle-ci le sollicite,
l'artiste se dit d'abord perplexe face à cette lolita sortie
des années yé-yé. Tous deux vont se découvrir, là aussi, des
affinités musicales et amoureuses. On connaît la suite. Le Pygmalion
Michel Berger écrit une ribambelle de tubes à la femme de sa
vie et traverse les années soixante-dix en auteur-compositeur
incontournable. Après les triomphes de France Gall et le phénomène
« Starmania », il manque un chapitre à sa vie musicale : la
reconnaissance, non plus en tant que faiseur de chansons, mais
en tant que chanteur à part entière. Il l'acquiert en 1980 avec
le succès de « la Groupie du pianiste ». Il enchaîne alors les
tubes pour lui-même (« Mademoiselle Chang », « le Paradis blanc
»), pour sa femme (« Babacar », « Débranche ») et même pour
Johnny Hallyday, à qui il écrit l'album « Rock'n'roll attitude
» et le superbe « Quelque chose de Tennessee ». Des chansons
qui restent aujourd'hui. La musique avant tout.
Emmanuel Marolle
Le
Parisien, vendredi 02 août 2002
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